Mesdames- Messieurs- Chers amis

 

Tout d’abord je tiens à remercier la municipalité d’Alloinay, de son maire Mr CHARTIER

de son maire adjoint Mr BURGAUD, qui par le passé fut suffisamment convainquent auprès

de ses administrés, pour que soit implantée en ce lieu une stèle.

Une stèle où sont inscrit deux noms   Louis JOURDAIN et Raymond DUROSIER

résistants sauvagement abattus par la police Française de l’époque,

la funeste SAP de Poitiers (Service des Affaires Politiques).

Je veux honorer également la volonté et la détermination de Mme Jeanne ARANDA

(sœur de Raymond DUROSIER) et de Mr Jean-Pierre PETRAULT, soucieux tous les deux

de retirer du silence la vérité historique de cet événement.

  Mr PETRAULT est absent aujourd’hui pour cause de santé nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

Merci également à vous toutes et à vous tous, par votre présence, vous nous apportez la preuve

que nous partageons les mêmes sentiments et les mêmes valeurs.

 

Après ce drame 75 années se sont écoulées, mais le souvenir est resté, et au risque d’être répétitif

nous devons rappeler chaque année le combat mené par ces deux martyrs de la résistance.

 Résistants de la première heure, militants communistes, contraints à la clandestinité

Ils vont lutter contre l’occupant Nazie, contre l’injustice, l’intolérance, et toutes les contraintes

infligées par le gouvernement collaborateur de Vichy.

Raymond DUROSIER domicilié à Niort et Louis JOURDAIN à Arçais dans le marais Poitevin

vont participer à l’organisation de la résistance.

Ils vont rencontrer Eugène BARREAU résistant, instituteur à Irleau, dont la fille Anne

nous fait l’honneur d’être parmi nous chaque année.

Ils vont rencontrer également Jean BERNIER et Stephan KUCHARIK pris en charge par

la famille RIVAUD, l’un est logé à Mairé l’évescault travaillant à la scierie NIVET, l’autre

à Limalonges, travaillant à la scierie CLUZEAU

 

Sous l’impulsion de Rols TANGUY responsable FTP de l’inter région Poitou Angers

ils vont constituer un embryon de maquis dans le Sauzéen.

Ils vont mener des actions audacieuses et dangereuses, ils cambriolent la mairie de Biard

et de Vouillé, à la recherche de tickets d’alimentation, de fausses cartes d’identité.

Ils détruisent le poste d’alimentation de St. Martin du Fouilloux, incendient les parcs à fourrages

de Beauvoir sur Niort et de Brioux, le seul but étant bien sur de déstabiliser l’occupant.

 

 Hélas le 20 juillet 1943 Stephan KUCHARIK est arrêté par la gendarmerie de la Mothe Saint Heraye.

Il est remis au commissaire Rousselet qui l’interroge et le torture.

Les conséquences sont tragiques et le 25 juillet à 10 heures du matin une rencontre est prévue

avec Jean BERNIER dans les bois de la chevrelière. Raymond et Louis s’y rendent à bicyclette.

Le piège est tendu, cinq policiers du commissaire Rousselet ainsi qu’un policier Allemand

sont embusqués, et l’un d’eux simulant l’action d’un cantonnier avec son râteau bouscule au passage

Louis JOURDAIN qui tombe à terre.

 Armé d’un pistolet il dégaine, mais une rafale de mitraillette le clou à terre.

Raymond DUROSIER subit le même sort, touché par 24 impacts de balles.

Jean BERNIER est arrêté le matin même à Mairé Levescault, et avec Stephan KUCHARIK

ils tomberont sous les balles du peloton d’exécution à Biard. Le réseau de résistance est décimé.

Ils sont tombés, l’écho de la fusillade a bouleversé les habitants du bourg, mais par peur

des représailles chacun continue de vaquer à ses occupations.

La presse collaboratrice <Ouest Eclair> s’empare de l’évènement et titre

Le bandit DUROSIER à fini de nuire, l’action policière s’en trouve grandie.

 

L’effet dissuasif de ce drame ne va pas anéantir pour autant le combat résistant engagé

par Raymond et Louis, d’autres, vont sortir de l’ombre et constituer une force suffisante

qui avec l’aide des alliés va libérer le pays, et le 8 mai 1945, l’Allemagne Nazie capitule.

L’histoire peu à peu remet les évènements à leur juste place, certains maitres d’hier

ne sont plus que valets, la république reprend ses droits, le vent a tourné

Les membres de la SAP sont activement recherchés, puis arrêtés et jugés.

Sept sont condamnés à mort et fusillés à Biard dont l’ignoble commissaire Rousselet.

 

Ces deux noms gravés sur cette stèle, c’est à la fois un hommage aux individus

qui ont donné leur vie pour une noble cause, c’est aussi reconnaitre le sens d’un combat

qui les a dépassés et par là même, reconnaitre que leur existence, si courte fut elle, a eu un sens.

 

Aujourd’hui encore la paix reste un combat, nous avons le devoir de penser à eux.

De leur engagement, de leur lutte, sachons en être digne

et transmettre à la jeunesse, est bien le plus beau lègue que nous pouvons lui donner.